Niger :  Scarifications faciales ou corporelles, marques d’art, d’identité et révélateur ‘’social’’

Compartilhar


Niamey, 14 Oct (ANP)- Au Niger, de nombreuses communautés, surtout en milieu rural, continuent à faire recours aux balafres et aux scarifications corporelles qui sont autant de marques d’art’, d’identité et de statut social.

 Les scarifications sont des marques identitaires ethniques, mais aussi des rituels sociaux qui peuvent symboliser l’appartenance à un groupe, un statut social ou des événements de la vie comme la puberté », explique le Directeur de la culture au ministère de la Refondation, M. Boka Abdoulaye.

Ajoutant que ‘’ces marques, réalisées par un professionnel, ont un rôle d’art, d’identité et de lien social, marquant le passage de l’enfance à l’âge adulte ou commémorant des événements familiaux et culturels.’’

Il y a un continuum entre l’’esthetique et l’identitaire :  ‘’Les Scarifications chez certaines familles conscientes de l’authenticité de leur carte d’identité, de leur culture décident d’en faire un design et reproduisent textuellement les signes de la scarification faciale sur leur habitat’’, fait savoir Boka Abdoulaye.

 Les scarifications ont aussi pour rôle d’offrir une protection spirituelle. Bien que cette tradition soit en déclin, impactée par la modernisation et des préoccupations sanitaires, elle perdure, notamment dans des communautés qui souhaitent préserver leur héritage, détaille-t-il.

Selon le spécialiste de la culture, les marques dites tribales trouvent leur origine dans des temps plus anciens : avant les expéditions d’esclavage du XVIIe siècle, des sculptures portant des scarifications ont été créées dès le XIVe siècle  se référant  à  des études anthropologiques.

Mais, les marques sont devenues plus répandues en réponse à ces expéditions d’esclavage : en tant que symboles d’identité de groupe, elles reliaient entre eux les individus d’un héritage culturel et d’une ascendance communs. Par conséquent, cela a permis aux individus de trouver des personnes réduites en esclavage qui étaient originaires du même groupe ethnique africain », documentent ces recherches.

En plus, les parents marquaient donc leurs enfants pour échapper à la chasse des négriers, puisque ces derniers se détournaient des individus tatoués qu’ils considéraient comme des « marchandises » non acceptables. « Et cette tradition a été maintenue jusqu’à nos jours », explique-t-on.

La pratique, jadis omniprésente et assurant l’identification des membres d’une communauté, est aujourd’hui certes en déclin, mais elle perdure au niveau des nombreuses communautés ethniques.

Dans ces communautés, , on reconnaît l’appartenance ethnique de la personne en regardant ses cicatrices , son comportement ou son accoutrement, note-t-on.

Les balafres aux visages que portent plusieurs ethnies sont l’œuvre des barbiers professionnels appelés ‘’Wanzam’’ qui sont aussi des guérisseurs traditionnels.

Ces derniers se servent d’une batterie d’instruments traditionnels – cornes, couteaux, lames de rasoir- pour ces incisions cutanées sur le visage selon l’ethnie.

Par exemple pour les Ba Arré (centre du pays, sous-groupe Haoussa) il s’agit de deux traits faits sur les joues partant de la bouche aux deux oreilles.   Les kourtey (ouest, apparentés aux peuls) affichent   un signe en forme de plus (+) sur les deux côtés du visage.  

Chez les  gourmantché, (Ouest), le signe de scarification est appellé   »tché ». A l’époque dans notre tradition; la scarification se fait à tous les gourmanthés. Il ya plusieurs sortes de scarifications en gourma, notamment sur le dos, le ventre ainsi que le visage qu’on appelle  »woba », selon Moussa Lompo, écrivain, homme de culture. 

Dans le milieu Zarma sonraïs (Ouest et sud-Ouest), le signe distinctif est composé de trois traits, qui vont en haut en bas de la joue.

Quant aux Daoura (Haoussa, Centre), ils sont reconnaissables avec les deux marques des deux côtés qui joignent la bouche aux oreilles davantage arcées à la différence de chez les maouri ou baare .

Chez les Bogobris (Haoussa, centre), les balafres prennent la forme d’un balai qui n’atteint pas les oreilles.

‘’De nos jours, cette pratique traditionnelle est en train de disparaître, au sein de nos jeunes générations moins des personnes se scarifient ’’, se désole M. Abdoul Salam Idi âgé de 32 ans, scarificateur originaire de Madaoua (région de Tahoua).

Ce praticien qui affirme avoir hérité l’art de son père soutient que la scarification faciale permet d’identifier l’origine d’une ethnie à travers des traits au visage, ce signe permet facilement de reconnaître ceux qui sont autochtones dans une région ou un pays’’.

RBN/CA/ANP 088 Octobre 2025



Source link

spot_img

Veja também

- Advertisement -spot_img